Le Bassin Méditerranéen, un laboratoire naturel pour l'étude des impacts des changements globaux

 

La Méditerranée est une petite région à l'échelle du globe, mais elle contribue à la dynamique océanique globale, est une source d'aérosols et de poussières qui affectent une zone étendue, et influence les systèmes de circulation synoptique du fait de sa topographie et des interactions continent-atmosphère-océan qu'elle induit. Sa position géographique, à la limite entre la branche descendante de la circulation de Hadley et les vents d'Ouest, la rend influençable par les anomalies de l'Atlantique Nord, qui sont cause de sa grande variabilité climatique. C'est une zone de grande complexité topographique, où les processus interagissent à des échelles variées, et où se rencontrent des gradients élevés d'utilisation des terres et de disponibilité de l'eau.
Elle est très sensible aux changements climatiques globaux, par l'entremise de couplages efficaces et de téléconnexions, de sorte que l'amplification des effets due à cette sensibilité permet de la considérer comme un laboratoire naturel.
La région est aussi très sensible aux changements économiques globaux, aux politiques territoriales et à la démographie, lesquels influent profondément sur le développement durable. Bien que la mer Méditerranée relie et sépare à la fois des systèmes économiques et politiques différents, les mêmes soucis se rencontrent à propos de nombreux problèmes environnementaux, qui constituent un pont pour la coopération scientifique eurafricaine. De surcroît, il existe un potentiel de recherche considérable autour du Bassin. Ces aspects remarquables font de la région méditerranéenne une zone exemplaire pour l'étude intégrée des impacts des changements globaux.

 L'Atelier ENRICH/START sur "La Méditerranée et le changement global" tenu à Tolède du 25 au 28 septembre 1996 a traité des principales questions posées, décrites en détail dans ce numéro. Cet Atelier, auquel ont pris part 80 chercheurs des pays d'Afrique du Nord et de la Méditerranée Orientale, de l'Union Européenne et des Etats-Unis, a identifié les priorités scientifiques les plus urgentes. Celles-ci ont encore été renforcées lors de la Conférence Européenne sur la Désertification en Méditerranée tenue en Crète du 28 au 30 octobre 1996.

 Plusieurs de ces recommandations seront poursuivies dans le cadre de projets et d'actions concertées en cours ou nouvellement soumis au programme Environnement et Climat de l'Union Européenne. Les signataires, co-organisateurs du Colloque de Tolède, se sont engagés à poursuivre l'effort pour développer la collaboration régionale sur ces questions.

 Jean-Louis FELLOUS (MEDIAS-FRANCE, Toulouse) - José Manuel MORENO (Univ. Complutense, Madrid)
 

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