LA LETTRE DE MEDIAS N 14
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N O U V E L L E S
N O U V E L L E S
Le PNUE au
chevet de
l'ozone
stratosphérique
D
epuis 1989, le
PNUE publie
tous les quatre ans un rapport sur
les impacts environnementaux de la
diminution de la couche d'ozone
stratosphérique.
Le «trou d'ozone» mis en évidence au-
dessus de l'Antarctique en 1985 a
entraîné la signature de la Convention de
Vienne (1985), suivie du Protocole de
Montréal (1987), visant à éliminer
l'émission de chlorofluorocarbones
(CFC), substances détruisant l'ozone
stratosphérique à travers des mécanismes
catalytiques complexes. Le trou d'ozone
(quantité intégrée de gaz inférieure à 220
unités Dobson
1
) a atteint la surface
record de 29 millions de km² en 2000,
pour décroître à 25 millions de km² en
2001 et 16 millions de km² en 2002. Les
minima en Antarctique se situent à envi-
ron 90 unités Dobson, soit moins de
40 % des valeurs typiques des années 70.
Une des fonctions essentielles de la
couche d'ozone stratosphérique est de
filtrer le rayonnement ultraviolet (UV-B)
qui a notamment un effet destructeur sur
les cellules vivantes, entraînant des
brûlures sérieuses et des cancers de la
peau. Les rapports du PNUE mettent tra-
ditionnellement l'accent sur les impacts
de l'augmentation du rayonnement ultra-
violet (UV-B) à la surface terrestre.
Les interactions entre diminution de la
couche d'ozone et changement clima-
tique global sont complexes. Deux
phénomènes sont particulièrement
importants. Premièrement, les émissions
de gaz à effet de serre pourraient con-
tribuer à la destruction de la couche d'o-
zone ou tout au moins diminuer sa
vitesse de reconstitution. Le réchauffe-
ment en surface entraîne un refroidisse-
ment des températures stratosphériques.
La destruction de l'ozone est ralentie aux
latitudes moyennes mais accélérée aux
hautes latitudes. Les phénomènes cataly-
tiques évoqués plus haut se déclenchent
au contact des nuages polaires au-
dessous d'un seuil critique de tempéra-
ture. Deuxièmement, la variation de la
couche d'ozone peut affecter les carac-
téristiques de la circulation tro-
posphérique et donc du climat. Le
réchauffement climatique peut avoir un
impact sur d'autres variables (couverture
nuageuse et neigeuse, aérosols) qui
influent également sur le rayonnement
ultraviolet. Le rapport du PNUE de 2002
aborde également ces interactions, recon-
naissant qu'elles sont complexes, mal
comprises, et peuvent avoir des impacts
tant positifs que négatifs.
Contrastant avec la situation dans la
stratosphère, la concentration d'ozone
troposphérique nocif a augmenté de 35 %
en 100 ans dans l'hémisphère Nord selon
le 3
ème
rapport du GIEC.
La FAO étudie l'impact du
SIDA sur la malnutrition
en Afrique
L
e SIDA n'est
pas unique-
ment un fléau
entraînant une flam-
bée de mortalité en
Afrique (huit millions
de paysans ont été
emportés en 15 ans
2
).
Il a également des conséquences sur l'in-
sécurité alimentaire et la déstructuration
du tissu social.
Le constat de la 32
ème
Conférence de la
FAO (Rome, décembre 2003) est élo-
quent : la famine gagne du terrain, 842
millions d'êtres humains sont touchés
3
.
Si la production de viande et de produits
laitiers augmente rapidement, la récolte
mondiale de céréales (1,874 milliards de
tonnes) reste inférieure aux besoins :
pour la quatrième année consécutive, il
faudra puiser sur les stocks. Jacques
Diouf, le Directeur Général de la FAO,
rappelle que 65 à 80 % des urgences ali-
mentaires sont causées par les calamités
naturelles (sécheresses, inondations).
Mais la pandémie du SIDA accentue
gravement en Afrique la désorganisation
du cycle économique ; la situation d'in-
sécurité alimentaire que connaît
l'Afrique tire vraisemblablement une
partie de son origine de ce fléau. Le
problème ne peut que s'aggraver compte
tenu du décalage de six à huit ans entre la
détection de la séropositivité et le décès
du malade. La moitié de la population
perd jusqu'aux deux tiers de ses
ressources. La maladie toucherait 26 %
des travailleurs agricoles en Namibie,
23 % au Botswana, 20 % au
Mozambique, 17 % au Kenya. Elle con-
tribue à accroître la vulnérabilité des
ménages en détruisant leurs capacités
productives dans des pays en état d'in-
sécurité alimentaire. Le malade perd pro-
gressivement toute capacité à travailler et
même à communiquer. Ceci conduit à la
déstructuration du tissu familial et social
traditionnel, à la déscolarisation, et à une
perte de transmission des connaissances
et compétences d'une génération à
l'autre, qui est la base du développement
durable dans ce type de population
4
.
Le Sud méditerranéen et
l'Union européenne
L
e prochain élargissement de
l'Union européenne mobilise une
attention politique et des
ressources qui ne semblent pas favoriser
pour l'instant la coopération trans-
méditerranéenne. Tel est du moins un
avis largement partagé au Sud de la
Méditerranée, comme l'expriment de
nombreux acteurs du réseau MEDIAS.
En clair, les accords de Barcelone (1995)
somnolent ; il convient de les redy-
namiser.
Les responsables politiques et pro-
grammatiques de l'Union européenne se
sont efforcés de rassurer les pays du Sud
de la Méditerranée. Les programmes
communautaires existent et sont bien
vivants. Les pays membres entretiennent
également une coopération active avec
eux.
Les chefs d'Etat et de gouvernement
sont soucieux de souligner cette poli-
tique trans-méditerranéenne. Ainsi, le
Président de la République française, en
visite officielle au Maroc où S.M. le roi
Mohammed VI venait de proclamer des
mesures politiques, juridiques et sociales
sans précédent, s'est adressé à Tanger en
octobre 2003 à la jeunesse marocaine,
qui a besoin d'être «éclairée et rassurée»,
affirmant sa volonté que «la dimension
euro-méditerranéenne soit au coeur de la
construction européenne». «Notre espace
euro-méditerranéen peut offrir ce grand
projet fédérateur et mobilisateur qui per-
mettra de répondre à vos attentes
légitimes... L'intégration de nouveaux
membres n'exclut pas, bien au contraire,
de construire avec nos partenaires du
Sud... Dans le domaine économique et
social, l'élargissement de l'Union ne
saurait nous détourner de la question cru-
ciale du développement de la rive Sud de
la Méditerranée», a-t-il insisté.
Ce processus a atteint un point culmi-
nant lors de la rencontre de dix chefs