diminue assez fortement le puits de carbone océanique.
Lorsque la concentration atteint 4 fois la valeur pré-indus-
trielle, le changement climatique diminue le puits
océanique de 35 % et le puits biosphérique de 55 %. De
fait, le puits océanique simulé ici semble effectivement
commencer à saturer vers la fin de la simulation (années
2090-2100).
Une inconnue à long terme
Pour étudier l'évolution future du climat sous l'effet des
émissions anthropiques des gaz à effet de serre, la
démarche usuelle, telle celle utilisée par le GIEC/IPCC, est
la suivante :
·
estimation des émissions à partir de différents scé-
nario d'émission,
·
calcul de l'évolution des puits naturels et de la con-
centration de l'atmosphère en CO
2
,
·
calcul de l'évolution du climat correspondant.
Dans une telle démarche, on néglige la dépendance des
puits de CO
2
, et donc du CO
2
atmosphérique, vis-à-vis
du climat. A l'horizon 2100, le CO
2
atmosphérique est
environ 20 % plus élevé si l'on tient compte de ce cou-
plage que si l'on n'en tient pas compte. Cet accroisse-
ment supplémentaire de CO
2
induit un accroissement du
changement climatique également d'environ 20 %. Nous
avons pu montrer à partir de simulations complémen-
taires dans lesquelles le climat et le cycle du carbone n'é-
taient pas directement couplés, que cet effet de couplage
devrait continuer à croître et atteindre 20 à 25 % en cas
de quadruplement du CO
2
. Cet impact du changement
climatique sur le cycle du carbone n'est pas du tout uni-
formément réparti sur le globe. Si les régions des hautes
latitudes voient leur puits de carbone s'accroître, celui-ci
diminue dans toutes les régions équatoriales et tropicales.
Dans cette étude, nous avons volontairement négligé de
nombreux phénomènes, dont la migration des espèces
végétales. La seule autre simulation couplée climat-car-
bone qui utilise des modèles de circulation générale, réal-
isée par le Hadley Center, prend en compte ce
phénomène et aboutit à des résultats beaucoup plus mar-
qués que les nôtres. Si de nombreuses incertitudes
demeurent, il est toutefois clair que dès à présent, on ne
peut négliger l'impact que le changement climatique aura
sur l'évolution à long terme des puits naturels de carbone.
Lettre pigb-pmrc France
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Contact
: Jean-Louis Dufresne
LMD - UMR 8359 ,
(CNRS - Ecole Polytechnique - ENS, et Univ. )
Ecole Polytechnique - 91128 Palaiseau cedex
Pierre Friedlingstein
LSCE - UMR 1572 (CEA-CNRS)
CE Saclay Bât. 709 - 91191 Gif-sur-Yvette