Il s'agit de mieux connaître les différentes sources naturelles (zones humides, termites, océan et hydrates de méthane)
et anthropiques (culture du riz, animaux domestiques - fermentation entérique - combustibles fossiles, combustion de
biomasse, sites d'entreposage de déchets domestiques et agricoles).
Il faut disposer d'une liste d'outils pour mieux connaître le cycle du méthane et ses variations spatio-temporelles :
·
les modèles de chimie atmosphérique qui simulent les réactions chimiques et les phénomènes de transport dans
l'atmosphère,
·
la métrologie des concentrations de méthane dans l'atmosphère,
·
la mesure sur des sites terrestres pour quantifier l'influence de facteurs variés sur les sources d'émissions.
Les interconnexions entre le cycle du CO
2
et celui du méthane doivent être comprises jusqu'à travers des mécanismes
encore mal connus comme l'action de consortiums bactériens au-dessus des gisements d'hydrate de méthane.
En particulier, le fonctionnement saisonnier des zones humides de l'hémisphère Nord en termes de production de
méthane devrait pouvoir donner lieu à un programme coordonné au niveau européen. Par ailleurs, les recherches sur le
rôle des molécules organiques persistantes dans la chimie atmosphérique du méthane devront être poursuivies.
Depuis quelques années est apparue la possibilité de mesurer la composition atmosphérique depuis l'espace. Ces
mesures ne sont pas aussi précises que des mesures au sol et ne permettent pas, en général, la restitution des profils ver-
ticaux, mais elles ont l'avantage d'une couverture globale. Deux instruments permettent déjà l'observation de CH
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et
CO mais pas celle de CO
2
. Dans le cas du CO
2
, la mesure par télédétection des concentrations atmosphériques
représente un enjeu stratégique énorme et sa faisabilité mérite d'être étudiée en détails.
Enfin et compte-tenu de leurs poids spécifiques dans le bilan national, notamment agricole, les cycles de l'azote et les
gaz à effet de serre associés correspond à un axe de recherche à approfondir.
Stratégie d'accommodation des effets et d'abattements
Les stratégies d'accommodation consistent à utiliser les cycles naturels du carbone, principalement le rôle de puits de la
biosphère continentale, pour limiter, ne serait-ce que temporairement, l'augmentation du CO
2
dans l'atmosphère.
Certaines pratiques agricoles (réduction du travail du sol, semis directs ou suppression des labours) sont déjà en cours
d'expérimentation par des équipes françaises et étrangères.
Les pratiques sylvicoles peuvent également être aménagées, dès lors que l'on aura compris complètement le processus
de stockage du carbone dans la végétation naturelle. Enfin, il faut être vigilant pour ne pas voir le sol se comporter
comme une source pour peu que l'augmentation de température favorise les activités de décomposition du sol. Là
encore, l'aménagement de pratiques agricoles peut être mis à profit. De la même façon, pour le méthane, l'aménage-
ment de la riziculture et celui de la fertilisation par épandage de lisiers peuvent être adaptés dans le sens d'une limita-
tion des émissions de méthane.
En parallèle à ces pratiques adaptatives, on devra vraisemblablement avoir recours à la séquestration de flux importants de
CO
2
à partir d'émissions très concentrées émises par la production d'énergie et les filières industrielles. Cette séquestration
devra se faire dans des réservoirs où le temps de résidence du carbone sera extrêmement long. Ces stratégies sont très
attractives, qu'il s'agisse de l'injection de CO
2
supercritique dans l'océan profond ou de l'injection de CO
2
dans les anciens
réservoirs d'hydrocarbures ou les aquifères profonds. On peut aussi viser à l'adsorption de CO
2
sur des gisements de charbon
profonds par réaction d'échanges avec le méthane initialement stocké dans les charbons. La mise au point de ces procédés
nécessitera un ambitieux programme de recherche technologique.
Recommandation d'actions
Les enjeux scientifiques et économiques liés à l'étude du cycle du carbone sont très importants. Aux Etats-Unis, 200 M$
sont investis en 5 ans par l'ensemble des organismes de recherche dans ce domaine.
Une priorité : les observations
Elles nécessitent :
·
une systématisation des mesures et le développement de capteurs moins coûteux ;
·
le recours à la télédétection, et le développement du couplage de données d'observation par satellite avec les
modèles biogéochimiques (mise à profit de l'initiative européenne GMES) ,
·
une homogénéisation et une rationalisation des bases de données disponibles pour les scientifiques au niveau
européen ;
·
l'acquisition de longues séries, par des observations permanentes,
·
la mise à disposition des données aux différentes communautés scientifiques.
Une structuration des équipes pluridisciplinaires autour d'une recherche unifiée sur les cycles bio-géochimiques
des gaz à effet de serre
Les Etats-Unis disposent d'un grand programme fédérateur, pluri-agences et pluri-organismes. Les programmes
nationaux français ou européens ne permettent pas actuellement une telle approche unifiée.
Un programme rigoureux sur les technologies d'abattement
Cf. plus haut et volet technologique.
Lettre pigb-pmrc France - Changement global
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