background image
Lettre pigb-pmrc France n°15 - Changement global
53
Le réchauffement des eaux côtières en Méditerranée nord-occidentale : une certitude sur les 30 dernières années
Les premiers indices d'un réchauffement global du bassin nord-occidental de la Méditerranée proviennent soit de mesures de
température réalisées dans les eaux profondes (Bethoux et al., 1990 ; 1998), soit de bilans hydriques des entrées-sorties et de
modèles de circulation générale (Bethoux & Gentili, 1996), soit, enfin, de compilation d'archives météorologiques (Metaxas et
al
, 1991). Il existe peu de séries de mesures de températures dans les eaux côtières qui rassemblent trois qualités essentielles
pour déduire une tendance d'évolution fiable à partir de leur forte variabilité thermique : précision de la mesure, bonne périodi-
cité et, surtout, durée. Une telle série existe cependant. Depuis 1974, des mesures de température ont été réalisées au site
d'Estartit-Iles Médes en Catalogne, au moins deux fois par mois à 4 km au large et à quatre profondeurs différentes (entre la
surface et 80 m de fond), Conduite depuis 31 ans par le même opérateur (Pascual, 1995), avec du matériel certifié (thermo-
mètre à renversement Richter & Wiese régulièrement étalonné), cette série encore active constitue, à notre connaissance la plus
longue série de mesures de température en Méditerranée. Ces données (Salat & Pascual, 2002) conduisent à une estimation du
réchauffement des eaux côtières deux à trois fois plus rapide (1,4°C en 28 ans à 25 m et 0,7°C à 80 m) que ce que l'on peut
déduire des études antérieures sur les eaux profondes.
On peut s'interroger à priori sur la représentativité à méso-échelle d'une telle série connaissant l'importance de l'influence des
conditions locales sur la bande côtière. Or, la comparaison de cette série avec une série de mesures malheureusement disconti-
nue (1973-1983 puis 1994-2002), dans les eaux de surface du golfe de Marseille réalisée avec une fréquence journalière,
montre une forte similitude sur les points essentiels (tendance générale, ordre de succession des années»froides» et des années
«chaudes», amplification au cours du temps des écarts entre saison «chaude» et saison «froide») indiquant par là un caractère
plus régional du réchauffement décelé. D'autres séries, plus parcellaires (Marbà & Duarte, 1997 ; Goffart et al, 2002 ; Vargas-
Yáñez et al, 2002), semblent confirmer ce réchauffement en Méditerranée nord-occidentale.
Contact : Jean-Claude Romano, [email protected] ,
The warming of the N-W Mediterranean coastal waters: an evidence over the last 30 years
The first signs of a global warming in the north-western basin of Mediterranean were provided either by deep-water temperature mea-
surements (Bethoux et al., 1990; 1998), or by inflow-outflow water budgets and models of general circulation (Bethoux & Gentili,
1996), or meteorological data compilations (Metaxas et al., 1991). To our knowledge there are a few of temperature long-time series
in coastal waters which gather the three qualities which are of prime importance in order to deduce a reliable trend from their high
level of seasonal variability: accuracy, adapted frequency and sufficient duration of the measurements. But such a series exists. Since
1974 and three-to-five times a month, seawater temperatures are measured from the surface to 80m-deep at the same Spanish site
located off the coast (Estartit-Medes Islands). During 31 years this series has been conducted by the same operator (Pascual, 1995)
and using certified equipment (Richter & Wiese regularly controlled reversing-thermometers). Yet active this series constitutes to our
opinion the longest available concerning Mediterranean coastal waters. The result is an estimate of the coastal water warming trend,
which overpasses by a factor two or three the trend previously estimated for the deep water (Salat & Pascual, 2002).
When the strong influence of local conditions upon the coastal water variability is considered, one may put into question the possibility of
extrapolating this warming trend for other Mediterranean nearby coastal areas (mesoscale level). The Estartit's series has been compared
to a series performed in the gulf of Marseilles with daily measurements (which was unfortunately disrupted in 1973-1983 and then in
1994-2002) ; a good agreement exists between the two series (same general tendency, same order in the succession in the colder and
warmer years, enhancement of the thermal difference between cold and warm seasons), providing evidence for at least a regional scale in
the detected warming trend. Some other series of shorter duration (Marbà & Duarte, 1997 ; Goffart et al., 2002; Vargas-Yáñez et al.,
2002) may also assess this N-W Mediterranean warming. Contact : Jean-Claude Romano, [email protected]
0
0 .2
0 .4
0 .6
0 .8
1
1 .2
1 .4
-0.5m
-20m
-50m
-80m
-10m (b)
-0.5-40m (c)
-200m (d)
eaux
profondes (e)
série de l'Estartit (a)
Estimation de l'accroissement moyen de la température de
l'eau de mer en 28 ans (c) selon les sources (a-e)
Figure 1. Estimation de l'accroissement moyen la température (°C) de l'eau de mer en 28 ans à différentes profondeurs, obtenue
à partir d'une compilation de données des séries.
Estimate of the averaged increase in seawater temperature (°C) at different depth and for 28 years obtained by a data compilation.
(a) Estartit (1974-2001) d'après Pascual et al., 1995 ; Salat & Pascual, 2002 ; Pascual et al. in prep. ; (b) Baie de Calvi (1980-1998)
d'après Goffart et al., 2002 ; (c) Côte espagnole (1975-1994) d'après Marbà & Duarte, 1997 ; (d) Espagne, côte levantine (1992-
2001) d'après Vargas-Yáñez et al., 2002 ; (e) Modèles et flux d'après Bethoux et al., 1998.