ailleurs, on se heurte au problème de la correction des
«âges-réservoirs» qui peuvent varier d'un point à l'autre
du globe, suivant le temps de résidence des masses d'eau
concernées (Waelbroeck et al, 2001). On peut même
imaginer qu'en un même lieu, cet l'âge-réservoir a pû
varier au cours d'un événement, du fait de l'ajout d'eau
douce ancienne issue de la fonte des icebergs. Enfin, il est
difficile de corréler les événements marins avec les événe-
ments visibles sur les continents. Ainsi, les datations de
moraines grâce par les cosmonucléides (
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Cl ), sont alté-
rées par une imprécision de l'ordre de quelques milliers
d'années.
Il semblerait néanmoins qu'une piste s'ouvre d'une part
avec les séries polliniques dans les carottes marines, qui
permettaient de contraindre le synchronisme des événe-
ments océaniques et continentaux (Sanchez-Goni et al,
2000 ; voir article dans ce numéro) et, d'autre part, avec
les spéléothèmes (voir article dans ce numéro) qui per-
mettent une datation absolue (U/Th) des événements
enregistrés sur le continent
Perspective : mieux quantifier les archives du
passé
Afin de mieux comprendre les mécanismes mis en cause
lors de ces événements, les modélisateurs doivent dispo-
ser de données suffisamment contraintes. Dans ce cadre
il est nécessaire de continuer à travailler sur les archives
du passé afin de quantifier certains paramètres mal
connus avant, pendant et après les événements. Citons
par exemple, les variations d'intensité de la circulation
thermohaline ; l'impact sur l'albédo des variations saison-
nières de l'extension de la glace de mer dans les deux
hémisphères ; le rôle de l'accroissement soudain de la
charge en poussières de l'atmosphère sur son refroidisse-
ment soudain ; les variations du bilan hydrique sur les
continents (aridité/pluviosité) ; la dynamique mal connue
des calottes de glace européennes et l'importance de
leurs relargages d'icebergs sur la circulation thermohaline,
etc. Il va falloir aussi améliorer la résolution des études de
séries continentales, afin de mieux préciser le climat
continental durant les événements.
On ne progressera vers une meilleure compréhension de
ces accidents climatiques qu'en combinant les données
fournies par les trois réservoirs majeurs : l'atmosphère
(calottes de glace), l'océan et les continents, et en amélio-
rant les modéles associés.
·
The future : better quantification of archive data
Work must also continue on archives in order to quantify cer-
tain less than fully understood parameters concerning the
events of abrupt climate change. Examples include : varia-
tions in the intensity of the thermohaline circulation; the
impact on the albedo of seasonal variations in the spread of
sea ice in the two hemispheres ; the role played by the sud-
den increase of atmospheric dust in the sudden cooling of
the atmosphere ; variations in the water balance over the
continents ; the incompletely understood dynamics of the
European icecaps, and the effects of their discharge of ice-
bergs on the thermohaline circulation, etc. It will be neces-
sary also to improve the resolution of studies of continental
series, so as to have more precise details of continental cli-
mate during the events in question.
For a better comprehension of these climatic incidents, it is
essential to use data from all three major reservoirs : the
atmosphere (ice cores), the ocean, and the continents, and
to refine the associated models.
Lettre pigb-pmrc France n°15 - Changement global
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Contact :
Francis GROUSSET *
CNRS (UMR 5805 EPOC) - Université Bordeaux I,
Avenue des Facultés, 33405 Talence cedex