La compréhension de l'évolution du système terre aux grandes échelles de temps reste un défi majeur qui ne pourra être relevé que par la collaboration entre les équipes travaillant sur ses différentes composantes. L'état des recherches sur les enveloppes internes et externes grâce à la fois aux données disponibles et à l'outil de modélisation permet aujourd'hui d'envisager des études pluridisciplinaires sur des périodes clés de l'histoire de la terre. Le programme ECLIPSE (2000-2004) est l'un des sept programmes lancés par le CNRS en 2000. Il permettra aux scientifiques de différents domaines - Sciences de l'Univers (SDU), Sciences de l'Homme et de la Société (SHS) et Sciences de la Vie (SDV) - de travailler ensemble. L'apport de chaque communauté contribuera à développer des scénarios cohérents et quantifiables reliant les changements majeurs de l'environnement terrestre aux différentes causes possibles (forçage interne ou externe).
| · Contexte national · | · Quatre axes majeurs privilégiés · |
Il s'agira d'accroître notre compréhension
des processus naturels qui ont contrôlé l'environnement terrestre dans
le passé, leur variabilité spatiale et temporelle, ainsi que notre compréhension
des relations entre systèmes environnementaux et écologiques. Une démarche
"intégrée" est déjà à l'oeuvre au PNEDC (Programme National pour l'Etude
de la Dynamique du Climat), mais elle est centrée, pour la paléoclimatologie,
sur les thématiques du programme international CLIVAR (CLImate VARiability
and predictibility) ; l'action de l'homme sur l'environnement naturel
est par ailleurs prise en charge par le PEVS.
L'étude des changements de l'environnement passé à plusieurs échelles
de temps, associant les différentes composantes du système terre permettra
de mieux comprendre les crises géologiques majeures, díévaluer les tendances
à long terme de l'évolution, d'intégrer à la connaissance de líenvironnement
líétude du comportement des êtres vivants et de leur évolution et leur
adaptation aux changements, crises ou catastrophes. A côté de la participation
française aux programmes internationaux, il s'agira de développer des
actions indépendantes et nouvelles.
Le colloque de Garchy (décembre 1998) a montré qu'il existe une communauté
nationale forte et reconnue, déjà structurée pour l'étude du passé récent
(communauté scientifique groupée autour des actions IMAGES, PEP, EPICA
etc.). L'année de son lancement, l'appel
d'offre 2000 a connu un retentissement très important puisque 80 projets
ont été soumis. Cette dynamique s'est poursuivie en 2001
avec 75 projets soumis.
L' objectif du programme ECLIPSE reste de fédérer la communauté scientifique
Sciences de l'Univers, Sciences
de l'Homme et de la Société et Sciences
de la Vie autour de questions scientifiques clés. Nous n'avons pas
souhaité modifier fondamentalement les axes majeurs du programme définis
les années précédentes. Nous souhaiterions cependant que la thématique
permettant une meilleure accrétion des disciplines autour du passé récent
intégrant les sources textuelles soit développée.
1/ L'étude de l'impact climatique
des forçages externes et internes. A la variabilité naturelle du climat
du Quaternaire (cycles glaciaires-interglaciaires et théorie de Milankovitch)
s'ajoutent des forçages majeurs internes (volcanisme, tectonique, dégazages
de méthane et de CO2... ) et externes (astéroïdes) qui peuvent expliquer
les changements de l'environnement du passé. D'une part, l'évolution paléo-géographique
horizontale (distribution des surfaces continentales) et verticale (position
des chaînes de montagne et des plateaux) influence le climat en jouant sur
les circulations atmosphériques. D'autre part, l'ouverture des bassins et
la paléobathymétrie modifient la circulation océanique. Les modèles dont
nous disposons sont actuellement capables de commencer à quantifier l'impact
climatique de ces changements.
2/ L'étude des différents stocks de carbone et les échanges entre les
réservoirs (océan, continent, glace), leurs variations au cours des
temps géologiques et leurs effets sur le climat. Les questions suivantes
pourraient être abordées : quantifier et évaluer l'impact de l'orogenèse
et de l'érosion sur le bilan du carbone continental, reconstituer la paléo-productivité
océanique à líaide de marqueurs géochimiques, reconstituer la répartition
de líalcalinité dans l'océan, étudier le rôle des marges continentales et
la contribution des roches sédimentaires vers les sols.
L'étude des implications écologiques des changements paléogéographiques
recoupe les notions d'adaptation, migration, temps de réponse des écosystèmes
continentaux et marins et effets de seuil. Les périodes d'extinction ou
d'explosion de la vie pourront être étudiées de même que les interactions
biosphère - climat.
4/ L'étude des conséquences des changements de l'environnement sur les
sociétés humaines touche à la dynamique des populations, aux implications
des changements de l'environnement et du climat sur les déplacements/migrations
des hominidés. Il s'agit également de repérer, mesurer et documenter les
changements de l'environnement aux périodes historiques à partir d'archives
naturelles, archéologiques ou textuelles, et d'étudier leurs conséquences
sur les sociétés humaines. L'étude de la variabilité naturelle à ces échelles
de temps permettra à son tour de mieux détecter un futur changement climatique.
5/ L'axe blanc : ±15 % du financement sera réservé pour des actions
originales non prises en compte par les axes ci-dessus.