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Dans sa deuxième année, le programme
ECLIPSE II mettra l'accent sur la pluridisciplinarité.
C'est un des principes fondateurs du programme sur la base duquel d'importants
progrès ont été réalisés dans la
compréhension des relations entre hommes, environnement et climat.
Parmi tous les thèmes de recherche mis en avant par le programme,
il nous semble que les questions relatives aux cultures et sociétés
humaines et leurs relations avec les changements environnementaux et
climatiques de même que les questions relatives à la biodiversité
devraient faire l'objet d'une attention particulière.
Un des corrolaires de la pluridisciplinarité est la coordination
de projets intégrés regroupant plusieurs équipes
et spécialités afin d'éviter le saupoudrage excessif
des financements attribués. Nous poursuivrons la hiérarchisation
entre trois catégories de projets financés par le programme
: (1) projets basés sur des idées originales et nouvelles
de type "start up" dont le financement devrait donner le temps
d'une élaboration approfondie, si nécessaire ; (2) projets
en cours bien évalués et qui doivent donc être poursuivis
; (3) projets "phares" sur lesquels porte une grande partie
de l'effort financier. Nous rappelons enfin l'engagement fait au programme
du dépôt des données et informations sur la page web
d'ECLIPSE.
Anne-Marie Lézine et Gilles Ramstein
Si ECLIPSE I était un programme résolument « Bottom-Up »
visant à identifier la communauté concernée par l'étude des paléo-milieux
et la structurer de façon à faire avancer la compréhension du système
global par le biais de la confrontation modèles-données, ECLIPSE II entend
continuer cette action et la renforcer sur des axes spécifiques en
intégrant des approches originales ou nouvelles (comme la biologie
moléculaire, la paléogénétique ou le développement de nouveaux traceurs).
Des avancées importantes ont été effectuées dans le domaine de la modélisation
numérique par le développement de modèles couplés atmosphère-océan-biosphère
et par l'intégration directe dans le modèle d'indicateurs bioclimatiques
et isotopiques, évitant ainsi l'erreur d'une quantification distincte.
Une meilleure intégration des données paléoenvironnementales
des domaines océaniques et continentaux, la recherche de nouvelles archives,
et une mesure du temps plus précise permettront de mieux documenter la
variabilité climatique et son impact sur les populations et les écosystèmes
et d'aborder les mécanismes de dispersion et diversification des espèces.
A l'échelle géologique, la réponse du vivant aux changements climatiques
et environnementaux sera abordée par le biais de l'étude des grandes crises
de l'histoire de la terre. Les mécanismes de rétroaction du vivant mais
aussi de la tectonique et de l'érosion sur le climat, pour la modélisation
des grands cycles géochimiques, feront l'objet d'une attention particulière.
Dans ce domaine, ECLIPSE II s'appuiera en particulier sur le programme
«RELIEF» proposé par les Sciences de la Terre dont l'objectif sera l'étude
des processus d'érosion à l'origine du relief de la terre et la quantification
des flux.
L'appel d'offre ECLIPSE II (2004-2007) se structure
suivant deux grands axes qui correspondent aux thématiques évoquées
ci-dessus. Un axe « blanc » permettra en outre de proposer des
sujets de recherche en dehors de ces axes.
Il s'agira prioritairement d'explorer les thèmes suivants :
Il s'agit d'étudier les stratégies de colonisation/régression et adaptation de l'environnement et des groupes humains en réponse à la variabilité climatique récente (cycles glaciaires/interglaciaires, variabilité intra-holocène...). Ce thème inclut l'acquisition de données (archives historiques ou naturelles des océans, des continents et des glaces) et le développement de nouveaux indicateurs pour caractériser aussi bien les variations de grandeurs physiques (ex : température, profondeur de la thermocline...) que des traceurs moléculaires qui permettent de comprendre l'histoire des populations et des espèces quel que soit leur milieu de vie. Les processus en retour seront également analysés : par exemple, quel impact sur le climat peut avoir l'action de l'homme sur le milieu naturel depuis le Néolithique ?
Il s'agira d'obtenir une meilleure connaissance de la chronologie et des modalités d'échanges fauniques entre les deux grandes régions clés pour la compréhension de l'évolution de l'Homme : l'Asie et l'Afrique et d'étudier les mécanismes de dispersion et diversification des pré-humains dans leur cadre environnemental et climatique.
Ce second volet concerne spécifiquement les grandes échelles de temps (SDU-SDV). Il reprend et élargit à de nouveaux champs disciplinaires les thématiques initiées par ECLIPSE I
Les interactions entre dérive latitudinale des continents, orogenèse, ouvertures de bassins, et cycle du carbone sont extrêmement importantes et nécessitent des études plus poussées. Il s'agit de comprendre l'influence de ces facteurs internes sur l'évolution à long terme du climat et cerner le rôle régulateur du cycle du carbone à l'échelle globale. Se superposant aux variations lentes, des événements rapides ou catastrophiques (volcanisme des traps, déstabilisation des stocks de méthane) peuvent provoquer des changements abrupts du climat qu'il faut aussi explorer. Ce thème englobe aussi l'étude des cycles biogéochimiques et du cycle de l'eau, leurs relations avec le climat et leur impact sur l'environnement.
L'ambition est d'étudier la réponse du milieu biologique aux grandes crises de l'environnement et du climat du passé. De fortes variations environnementales vont-elles jouer un effet bottle-neck dans l'évolution des espèces? La comparaison des crises entre elles permettra de mieux cerner les mécanismes à l'origine des différents « patterns » d'extinction.
Les grandes innovations du vivant comme l'installation de la biosphère sur les continents ont-elles un effet global et durable, à travers les changements d'altération, sur la teneur en CO2 de l'atmosphère ?
A l'intérieur de ces deux axes, trois sujets de recherche « ciblés » sont définis et placés sous la responsabilité d'un coordonnateur. Ces sujets doivent être fédérateurs de la communauté française. Ils seront menés, à terme, en collaboration avec des partenaires britanniques et allemands dans le cadre de relations bi- ou trilatérales qui seront mises en place conjointement par le CNRS, le NERC et le DFG.
L'objectif de cet axe est de mettre en relation données biologiques du passé et données actuelles pour comprendre la dynamique des écosystèmes, établir les routes de migration des espèces (ou des variants génétiques)et estimer leur vitesse. Il permettra également d'évaluer l'impact de l'homme sur le milieu naturel et d'estimer les capacités d'adaptation d'une espèce aux changements climatiques futurs.
L'objectif de cet axe est de faire émerger des modèles d'utilisation du territoire européen par les derniers néanderthaliens et par les premières populations d'hommes modernes qui intègrent les dimensions climatique, environnementale, biologique et culturelle. Cet axe implique l'acquisition de données paléoenvironnementales, paléontologiques, paléoanthropologiques et archéologiques, la quantification des proxies, et la modélisation.
Il s'agit de collecter les données de l'environnement du Crétacé pour comprendre et modéliser les variations climatiques à l'intérieur de cette période la plus chaude de l'histoire de la terre. Cet axe s'appuie sur un effort de cartographie à l'échelle la plus précise permettant la reconstitution fine de la paléogéographie et des paléoenvironnements à l'échelle globale. Il permettra également d'aborder la question de l'adaptation du vivant à des conditions très différentes des actuelles (comme, par exemple, les faunes et flores polaires). Cette approche globale permettra de comparer l'ensemble des données géologiques et paléontologiques avec les résultats de modèles pour différentes périodes du « Crétacé moyen ».